L'orient le Jour
Beyrouth, Liban
Samedi, 17 Avril, 2004

Liban-USA - Walid Maalouf, nouveau responsable pour le Proche-Orient à la USAid
De plus en plus de Libanais d’origine nommés au sein de l’Administration américaine

 
La politique de l’Administration Bush au Proche et au Moyen-Orient peut faire grincer beaucoup de dents au Liban et dans la région. Il est cependant un fait propre à cette Administration qu’on ne saurait ignorer, c’est que, pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, un nombre de plus en plus croissant de citoyens américains d’origine proche-orientale, plus particulièrement libanaise, accèdent à des fonctions gouvernementales plus ou moins importantes, le plus souvent en rapport avec la définition de la politique des États-Unis à l’égard de notre région.

Bien sûr, cette politique est loin d’être dessinée par des Libanais. Mais il est indéniable que la présence renforcée d’agents d’origine libanaise au sein de bureaux et d’administrations en charge justement du Liban et de la région est susceptible – à terme – de laisser pour le moins une empreinte et peut-être même d’infléchir un processus de prise de décision dans un sens ou un autre.

La semaine dernière, un de ces Américains d’origine libanaise, Walid Maalouf, un exbanquier résidant à Washington DC, a été nommé directeur pour les affaires diplomatiques du Moyen-Orient et de « l’Initiative pour le partenariat au Moyen-Orient » au sein de l’USAid, l’agence gouvernementale américaine pour le développement dans le monde, l’un des puissants bras de la diplomatie des États-Unis.

Au lendemain de sa nomination, la section bostonienne de l’Union libanaise culturelle mondiale (ULCM) a offert un banquet en l’honneur de M. Maalouf, permettant à ce dernier de prendre la défense de la politique de l’Administration Bush. En fait, M. Maalouf exerçait depuis un certain temps des fonctions officielles, puisqu’il avait été nommé, en septembre dernier, membre de l’importante délégation américaine à l’Assemblée générale des Nations unies.

Dans une allocution prononcée au cours du dîner donné par l’ULCM, il a d’ailleurs rappelé l’intervention qu’il avait faite à cette occasion devant l’une des commissions de l’Onu. Une intervention qui n’était pas passée inaperçue à l’époque, dans la mesure où elle avait été faite en arabe (les États-Unis n’ont pas de langue officielle) et qui, par son contenu, avait suscité une altercation avec le délégué syrien présent dans la salle.

S’expliquant à ce sujet, M. Maalouf s’en est référé aux Mémoires de Madeleine Albright – qui fut secrétaire d’État après avoir été ambassadrice des États-Unis à l’Onu – dans lesquels elle raconte que les moments les plus intéressants pour elle à l’Onu étaient ceux consacrés à des politiques en rapport avec son pays d’origine, l’ex-Tchécoslovaquie communiste, devenue aujourd’hui, a noté M. Maalouf, « la République tchèque libre et démocratique ».

« J’ai eu exactement le même sentiment lorsque, au nom des États-Unis, j’ai demandé à la Syrie de respecter la souveraineté de ma patrie d’origine, le Liban », a raconté M.Maalouf. « Pour la première fois, la souveraineté du Liban a été évoquée à l’Assemblée
générale des Nations unies, et cela est redevable à l’Administration Bush, qui est d’ailleurs la première Administration à soulever cette question devant une instance multilatérale depuis 27 ans », a-t-il souligné.